Je hais les haies de thuya…  Mais pourquoi tant de haine ? Vous êtes-vous déjà promené.e entre 2 murs de béton verts, taillés au cordeau militaire 2 fois par année, à grand renforts de machines pétaradantes? Tout ce qui est équarri finit à la déchetterie, car bien sûr, c’est inutilisable au jardin ! Zéro biodiversité là-dedans, impossible pour un oiseau d’y nicher ou pour un hérisson de s’y faufiler.
Le thuya est le résidu d’un autre monde, celui des zones villas émergées dans les années soixante, signe de la réussite sociale des Trentes Glorieuses : on protége son quant-à-soi, son gazon, son barbecue, sa piscine et son labrador. Une absence totale de poésie et de liberté, vous dis-je. Un cloître stérilisé et maîtrisé pour humains angoissés par la nature sauvage.

C’est moche, hein?

Tant qu’à faire, je préfère le béton qui s’assume franchement, qui ne fait pas dans la ruse idiote pour cacher ce qui tient tant à être caché. Au moins on peut le graffer !

Mais soyons un peu constructif et réfléchissons ! La haie est un élément capital dans un jardin : protéger des regards, du bruit, structurer le paysage du jardin sont les fonctions élémentaires de la haie. Mais il y en a d’autres, tout aussi importantes:
La haie variée ou vive, outre son aspect esthétique, favorise la biomasse, la petite faune, les oiseaux, toute la biodiversité, y compris celle du sol; en outre elle fournit du paillage pour le potager : La haie est donc un milieu qui dispense d’importants services écologiques.

Une haie constituée de différents arbustes sauvages indigènes fleurit à différents moments de l’année, produit des fruits et graines variés, et permet à beaucoup d’espèces d’accomplir leur cycle de vie.
Buis, if, houx, troène, charme et hêtre (qui tous deux gardent leurs feuilles sèches jusqu’au printemps) offrent en hiver un bon écran visuel. Cornouiller, noisetier, prunellier, etc. produisent des fruits dont certains sont consommables par les humains (confiture d’amélanchier, vous m’en direz des nouvelles !).

Il faut savoir que la plupart des haies dites «vives» ou «mélangées» que proposent les jardineries sont constituées non pas d’espèces sauvages indigènes, mais de variétés horticoles (cultivars) plus ou moins exotiques et hybrides, et que beaucoup ne produisent pas de fruits. Attention au choix ! Certains préconisent la collecte en forêt de rejets, en respectant l’arbre-mère.

Voici comment procéder pour obtenir une haie à la fois esthétique et utile: Si l’on ne dispose que de peu de place, on se contentera d’une seule rangée située à au moins 50cm de la limite, 1m à 1,50m restant l’idéal pour le développement des arbustes. Résister à planter trop serré,  la distance idéale est  de 1,20m à 1,50m.

Généralement,  on a envie que la haie se développe rapidement afin qu’elle remplisse sa fonction de brise-vue. Dans ce cas, choisir, par exemple, des sujets déjà bien hauts (attention, leur reprise peut être plus difficile) ou des variétés «rapides » comme le sureau, le prunellier, le groseillier à fleurs, les cornouillers, les saules, etc.

Pour profiter du temps au jardin et s’économiser,  ne pas tailler la bas de la haie  et créer ainsi un milieu étagé et susceptible d’accueillir hérissons, nids d’oiseaux et toute une variété de fleurs spontanées à la fois utiles et esthétiques. Ne pas tailler non plus, la haie entre mars et septembre, voire octobre, pour préserver les nids. Si l’arbre porte des fruits encore en hiver, les laisser tranquille jusqu’en début mars,  les hôtes du jardin en profiteront pendant les mois de disette. On préférera toujours une taille douce de temps en temps en observant et respectant la vie propre de l’arbre ou de l’arbuste.
On peut opter pour une grande diversité d’essences ce qui permettra de pouvoir échelonner l’intérêt décoratif tout au long de l’année, chèvre-feuille des haies, amélanchier, épine-vinette, églantier, merisier, noisetier, poirier sauvage, viorne….

Vous trouverez de nombreux conseils sur le site de la de la  charte des jardins.