C’est l’hiver… non, je vous le dis au cas où quelque chose vous aurait échappé? Fin janvier, au verger, les arbres ont été taillés, mais si l’on veut pouvoir manger quelque chose cet été, il faut traiter ! Quoi ? Malédiction ! Outrage ! Vous savez sûrement que les beaux fruits achetés en grande surface ont subi moult traitements chimiques acaricides, fongicides, bactéricides, insecticides (ça fait envie, non ?) pour arriver sur nos tables si réguliers, si parfaits. Ils ont été stockés en frigo pendant des mois, pour conserver leur esthétique tout au long de la saison de vente.
Alors quoi faire pour le jardin familial avec 4 à 10 arbres par exemple? S’armer comme un cosmonaute et gicler à tout-va ? Revenons à de plus sages dispositions… mais quand même, chaque année on se pose la question: quel stratagème inventer pour faire fuir le chancre, la monillose, la tavelure, la mouche Suzuki et autres joyeusetés qui feront de vos promesses de tartes aux fruits, des bides retentissants.
C’est à ce moment de réflexion intense qu’intervient un jeune paysagiste de mes amis, féru de nature naturelle (!) qui me propose de chauler mes arbres fruitiers. Ni une ni deux, je me renseigne, et lui aussi, et nous apprenons de concert l’ancienneté de la pratique et ses effets désinfectants et répulsifs pour les maladies cryptogamiques et contre les larves d’insectes ravageurs. Bon, bon me dis-je, essayons !
Pour mémoire et pour apprendre (rassurez-vous, je ne le savais pas non plus), la chaux, c’est du calcaire cuit à 900 degrés, qui se transforme en chaux vive. En y ajoutant de l’eau, une chaleur bouillonnante se produit et, en fin de processus, on obtient de la chaux éteinte. Ce matériau minéral a été utilisé depuis l’Antiquité pour la construction et les enduits muraux aux propriétés respirantes (un peu comme l’argile). Plus proches de nous, les écuries étaient souvent enduites de ce blanc pur, non pas pour faire joli, mais pour éviter la propagation bactérienne. En arboriculture aussi, la chaux a été utilisée et, peut-être, avez-vous déjà vu un verger aux troncs tout blancs, en vous demandant si le peintre du coin avait des bidons à terminer ? Eh non, pas pour faire joli, là non plus, mais dans un but de désinfection contre les maladies dues à des champignons qui ne ressemblent en rien à des cèpes de Bordeaux. La couleur blanche permet aussi aux arbres de mieux supporter les écarts de température (gel, dégel, coup de chaud).
Bien sûr, le progrès est passé par là, la chaux a été remplacée par le ciment, moins cher à produire, dès le 19 ème siècle. Les fours à chaux ont été éteints, les chaufourniers sont allé pointer au chômage. Pour nos arbres aussi, la chimie a trouvé les solutions !
Mais, nous les amateurs, nous qui voulons vraiment nous passer de la chimie, alors quoi ? Essayons donc le petit coup de blanc ! Pour ce faire, utiliser de la chaux vive (c’est moins cher que les mélanges déjà tout prêts), mais attention, protection des mains et des yeux indispensable, car en ajoutant l’eau pour “éteindre”, la chaux se met à cuire et des projections peuvent blesser l’amateur imprudent ! Une fois bien refroidi, ni une ni deux, on applique le mélange au pinceau sur les troncs, un jour sec et sans vent. Je dois dire que l’effet esthétique est incontestable et je me réjouis déjà des commentaires interrogateurs de mes voisins. Pour les jeunes arbres, autre traitement: mon jeune paysagiste enduit les troncs avec l’argile mélangé à de la bouse de vache bio, si si ! Pour les branches, huile de colza et savon noir !
Est-ce que ça va marcher ? ces efforts vont-il porter leurs fruits (c’est le cas de le dire)? Je vous ferai part de mes observations à la fin de l’été.
Pour fêter l’achèvement des traitements d’hiver, il y a un petit Epesses au frigo dont vous me direz des nouvelles !
Les commentaires sont fermés