Noël en plein mois de juillet, c’est la réjouissance de cueillir ou plutôt de déterrer les patates. Comme quand, enfant, on déchire avec excitation le papier brillant et bariolé du cadeau sous les yeux attendris des adultes, qui connaissent le contenu du paquet.
Cueillir les patates, c’est comme de trouver de l’or, sans devoir trop chercher. En fait, on est sûr de son coup..mais il y a quand une espèce de suspense, un petit effet d’étonnement émerveillé à chaque tubercule qui surgit de la terre chaude. On a peur d’en laisser, on gratte, on fouille. Le mieux, je trouve, c’est de le faire à la main. Le matin, à la fraîche, la terre pas encore trop chaude, juste humide de la rosée de la nuit, j’aime retirer avec délicatesse ces nobles fruits, garants d’accompagner des festins simples et partagés.
Cueillir les patates, c’est être plein de reconnaisance pour un miracle qui ne laissera jamais de m’étonner: Déposer une pomme de terre au mois d’avril, en retirer 7 ou 8 au mois de juillet, dingue non ? Beaucoup plus performant que toutes les bourses du monde!!
Cueillir les patates, c’est se dire que sans Monsieur Parmentier, le monde serait plus triste et plus fade. C’est aussi se souvenir que la pomme de terre a sauvé la vie de bien des gens lors des grandes famines du 19e siècle (enfin si le doryphore n’y a pas fait sa pitance avant la récolte).
Cueillir les patates, les mettre à l’abri pour l’hiver c’est vivre le cycle saisonnier de nos ancêtres communs, les paysans.
Bref, vous l’avez compris, j’adore récolter les patates et les manger…avec un peu de beurre salé et un Brillat-Savarin… Et vous ?
Page 4 of 5


Quoique…
L’invasion de pucerons au potager de ce début d’été m’amène à reconsidérer cette position éthique que je croyais bien ancrée et largement partagée dans nos contrées. Oui, parce que si vous allez en Libye ou bien en Irak, ou en Syrie, ce n’est pas tout à fait la même chanson. Mais vous n’irez pas, hein ?
Revenons à nos pucerons : une invasion qui amène des coccinelles et des fourmis partout au jardin, ça c’est cool, c’est l’équilibre de la nature. Faut-il pour autant laisser faire ? Voilà une question morale pas si anodine que ça. Question que ceux qui veulent vous vendre des saloperies toxiques n’aimeraient que vous vous posiez.
Mais…au secours ! Mes plants de tomates sont envahis de pucerons, mes pommes de terre offrent gîte et couverts aux doriphores et je vous raconte pas les mulots, ni les limaces qui bouffent tout ce qui passe à leur portée.
Alors, quoi ? J’avoue que je suis bien embêtée. Et je cherche des solutions qui me permettent de belles récoltes et qui autorisent une minimum de vie animale dans mon jardin. En plus, je suis vraiment loin de comprendre ce qu’ils se passe dans ce système si complexe qu’est mon potager…et le vôtre aussi !
Bon, une recette, que j’utilise dans mon vain combat contre les pucerons bouffeurs de verdure. À vous de voir!
MACÉRATION D’AIL
L’ail que l’on trouve dans toutes les bonnes cuisines peut être utilisé comme insecticide et fongicide.
PREPARATION ET UTILISATION : Peler et hacher 100gr d’ail avec la peau. Ajouter 3 cuillère à soupe d’huile d’olive et laisser macérer pendant 24h. Filtrer et écraser.
Ajouter 1 cuillère à café de savoir noir liquide, bien mélanger et ajouter 1 l. d’eau
Diluer à 5 % et vaporiser les plantes le soir.
Voilà, et maintenant choisissez votre camp !

Après les tailles de mars, préparer le bois raméal fragmenté est une activité qui nous fait aller au jardin même s’il fait encore un peu frais !
Mais comment procéder ? Et d’abord pourquoi faire du BRF ? Première raison, le BRF est un paillage d’excellente qualité et très nutritif pour les plantations à venir. Deuxièmement, le BRF va favoriser l’installation de mycélium et rendre la terre humifère et troisièmement, pour éviter le merveilleux paradoxe qui consiste à amener des « déchets » de taille à la déchetterie et puis aller acheter du compost en sortant ! La nature nous offre tout ce qu’il faut pour notre jardin! Pas de déchets au jardin, que des ressources !
Alors, comment s’y prendre ? Un bon broyeur est nécéssaire.
Perso, je recommande un modèle assez puissant pour avoir un bon débit et qui accepte des branches jusqu’à 4-5- cm de diamètre. Par exemple, un Eliet à moteur thermique (inconvénient, le bruit…). Passer les branchages de tous les arbres, arbustes, fruitiers, avec une grande modération pour les résineux (qui vont acidifier l’ensemble). Voici le résultat :
Juste après le broyage, étendre généreusement un couche de 2-3 cm maximum sur les buttes , dans les massifs de fleurs, dans la serre. Au moment de faire les plantations, écarter un peu le BRF et planter. Plus tard, quand le planton aura pris de la vigueur, ramener un peu au pied.
Attention, le BRF peut provoquer une petite faim d’azote: pour y parer, étendre un peu de raclure de cornes, par exemple.
Bien du plaisir !!

Et par exemple, en préparant la prochaine saison au jardin. Pour cela, catalogues de jardinerie et de producteurs de plantes sont le meilleur moyen.
En plus, aujourd’hui, je vous propose un petit voyage, à faire dès le printemps précoce ou plus tard. L’Allemagne n’est pas précisèment connue pour son art des jardins, mais, gardons nous des préjugés. Cet automne, à la faveur d’une escapade en Allemagne du Sud, nous avons découvert à une heure de Bâle, à Salzburg (Bade Wuertemberg) la jardinerie Staudengärtnerei Gräfin Von Zeppelin.
La comtesse Helen von Zeppelin (1905-1995), nièce de l’inventeur du célèbre dirigeable, par passion fait des études de jardinage et se lance dans la culture des iris. En 1938, elle publie son premier catalogue, avec 87 sortes anciennes et nouvelles.
Aujourd’hui la jardinerie, qui en est à la troisième génération de femmes (la fille Cécily, puis Karin la petite-fille de la comtesse), compte 1400 occurrences d’iris. Mais ce n’est pas tout, 2500 vivaces, d’innombrables bulbeuses se déploient sur plus de 6 hectares, soignées par 40 collaborateurs. Le plus beau, c’est le design du jardin qui invite à la balade et… à la dépense bien sûr ! En marge du village, avec de grandes verrières et serres, un espace bouquinerie, un café, des espaces de repos à l’ombre de jolis arbustes, cette jardinerie poétique nous a étonnées et ma foi beaucoup plu.
Evidemment,nous n’avons pas pu résister à l’achat de quelques plants de pivoines, qui ont été arrosées dans le coffre de la voiture, pendant une semaine! Plantés aussitôt de retour à la maison, je pense qu’ils vont bien se développer… on vous redit !!
http://Www.graefin-von-zeppelin.de
De mars à novembre, c’est le burn out et de décembre à février, c’est le blues !
Ben alors pourquoi, me direz-vous avec un soupçon d’impertinence, ne pas passer tes loisirs à faire du yoga, apprendre l’espagnol ou la viole de gambe, plutôt que te péter le dos, d’avoir les ongles noirs et de te lamenter sur les invasions de mulots, hein?
A ça, je réponds fièrement que nos tomates, c’est les meilleures du monde, que les petits pois mangés crus au petit matin c’est sublime, que mettre les mains dans la terre, y’a pas mieux comme anti-dépresseur, que de faire des paniers de légumes pour les amis, c’est partager son bonheur et sa fierté..voilà pourquoi!
Mais, l’esprit chagrin qui se dandine dans mon cerveau un jour de neige comme aujourd’hui, me susurre un air aquoiboniste du plus mauvais aloi.
Bon allons, un petit catalogue de graines de légumes rares, un bouquin sur les oiseaux du jardin. A ça, on ajoute des haricots du congélateur juste passés à la poêle avec des oignons et de l’ail (si si, il en reste!)
Elle est pas belle la vie ?

Chut…ça pousse ! Des nouvelles enfin, 2 mois après la “pose” des patates sur l’herbe: Visuellement en tout cas, ça à l’air de bien marcher: les plants se sont très bien développés, les fleurs ont éclos et donc d’ici quelques petites semaines (2 ou3), on commence l’arrachage! Youpie !!
On rappele le principe pour ceux qui ont loupé l’épisode 1:
On tond l’herbe à ras, on pose les pommes de terre germées sur le sol, on recouvre d’une généreuse couche de compost en formant une petite butte triangulaire (environ 25-30cm de haut). Puis à chaque occasion, on ajoute de l’herbe coupée, du gazon, ou de la paille pour bien maintenir l’humidité. Pas d’arrosage, pas d’autres travail que de contempler ces promesses de gratin, de salades et de pommes de terre en robe des champs !!!
Voilà pour les incrédules, les sceptiques, les perplexes les méfiants et autres aporétiques!

De retour de l’île de Madère, je veux partager avec vous, chers amis lecteurs, mes émerveillements.
Madère, île volcanique plantée en face du Maroc, nous dévoile une nature sauvage exhubérante de type subtropicale, accrochée à des pentes improbables. Tous les verts sont dans la nature ! Forêts primaires riches de plusieurs espèces endémiques et notamment des lauriers qui font le bonheur des randonneurs et des botanistes . Le climat humide et tempéré de l’île et une terre riche en minéraux a bien sûr inspiré les jardiniers modestes comme ceux disposant de moyens conséquents. Parmi ceux-ci, les jardins de la Quinta do Palheiro, sont remarquables. Situés à 500 mètre d’altitude, planant sur la baie de Funchal, ils bénéficient d’un climat frais et d’un arrosage naturel sous la forme de nappes de brouillard presque quotidiennes (mais non permanentes, heureusement) à certaines saisons.
Son premier propriétaire a planté de nombreux arbres et initié une collection de camélias qui fait référence dans le monde. Fin 19ème, la propriété a été acquise par la suite par la famille Blandy, une des principales firme de production et de négoce du vin de Madère encore aujourd’hui. Les visiteurs peuvent découvrir sur une très belle propriété sur 70 hectares de nombreuses plantes indigènes, des arbres remarquables planté il y a plus de 200 ans et une architecture paysagère inspirée du jardin anglais qui utilise à merveille le relief doucement vallonné de la propriété pour créer des ambiances intimes et parfois grandioses. De très belles pelouses cadrent des mixed-borders permanents. Le jardin s’est donné également pour fonction la préservation de plantes rares. Bien que magnifique fin mai, c’est que nous l’avons visité, la meilleure saison pour visiter la Quinta do Palheiro est certainement le tout début du printemps avant la fin de la floraison des camélias
Maison de thé, golf, et hôtels 5 étoiles complétent l’ensemble, mais ça c’est pour ceux qui ont les moyens….
Cet automne, nous avons décidé de construire deux abris pour mésanges afin de pouvoir les accueillir dans notre jardin. Placés de manière à ce que minets et minettes n’en fassent point royal festin, mais sans être sûres que l’hôtel siérait aux invitées espérées…
Mais, ô belle surprise, depuis quelques jours, nous entendons des pépiements joyeux et juvéniles s’échapper de cet abri manifestement devenu nid!
Lugubre, noire, charbonnière ou azurée, nonnette, bleue, l’identité de la belle est encore mystérieuse… nous ne manquerons pas de vous tenir au courant.
Une visite de #Monsieur Jardinier de la RTS me donne l’occasion de raconter comment planter des patates à la manière des fainéants

Les pommes de terre 2016

Gilles Clément est né en 1943. Ingénieur horticole de formation, il est devenu architecte paysagiste, écrivain, et bien sûr, jardinier. Tout en enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage à Versailles, et à côté de son activité de créateur de parcs, jardins, espaces publics et privés, il poursuit des travaux théoriques et pratiques autour des concepts de jardin qu’il a développé. En faisant découvrir le jardin en mouvement, le jardin planétaire ou le tiers paysage, il a remis en question l’art des jardins à la fin du XXe siècle. La nature libérée, dans le fond, le jardinier idéal de Gilles Clément est un jardinier… qui ne jardine pas! Un jardinier qui a confiance dans la diversité qu’elle soit biologique ou bien humaine.
Dans la Creuse, Gilles Clément a créé son jardin secret, la “Vallée”, perdue au milieu des bois. C’est là que les principales réalisations qui ont jalonné la création du paysagiste sont nées, comme le Domaine du Rayol dans le Var, le parc Henri Matisse à Lille ou le parc André Citroën à Paris (qui l’un de mes jardins préférés). En Suisse, il a aménagé l’espace le long du métro à Lausanne (entre Jordils et l’avenue de Cour) et le jardin du siège de l’UEFA à Nyon.